REVIEW – Saltiness (tomes 1 et 2)

REVIEW – Saltiness (tomes 1 et 2)

REVIEW – Saltiness (tomes 1 et 2)

REVIEW – Saltiness (tomes 1 et 2) C'est bien ?

Attention petit bijou !

Seinen bizarrement tiré de l’imaginaire surprenant du mangaka Minoru Furuya, Saltiness est un manga atypique en 4 tomes. Edité en France par les éditions Akata, le manga appartient à la collection WTF?! qui n’aura jamais autant bien tenu son nom.

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Le pitch

Saltiness met en scène, avec un cynisme croustillant, les aventures rocambolesques de Takehiko, un wannabe-hipster de 31 ans. Alors qu’il se croit über-cool, Takehiko vit dans un monde bien particulier : le sien. Loin des préoccupations des gens normaux, il s’impose une série de défis tous plus étranges les uns que les autres afin de lui permettre de pouvoir supporter n’importe quelle situation. Il pourra par exemple rester d’un stoïcisme olympien s’il devait assister à une pluie de crottes alors qu’une fraise géante venait à lui demander de l’aide, ou bien s’il devait rester enterré 3 mois durant.

Mais voilà, il réalise un jour, suite au sermon de son grand-père, fatigué de son attitude, qu’il n’est autre qu’un fardeau pour sa petite sœur bien aimée, . Eh oui, ça fait mal. En effet, tant qu’il ne s’émancipera pas, il sera un parasite qui empêchera sa petite sœur de pouvoir trouver l’amour et fonder une famille. Takehiko, personnage tout aussi perché que touchant va alors partir en road trip pour « tuer le monstre ».

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Des personnages hauts en couleur

Vous l’aurez bien compris, Takehiko est à lui seul une raison valable de se procurer Saltiness tant l’apparente folie du personnage relève en réalité d’une analyse psychologique et sociale des plus pertinentes.

Mais ce n’est pas tout puisque l’intrigue de Saltiness sera en réalité guidée rapidement par un groupe avec sa tête, Takehiko, suivi d’un néo-chômeur dont la principale volonté de vie semble être de crier, et un étudiant voleur de petites culottes dont la pauvreté n’a d’égale que son introversion. Très rapidement, Takehiko va créer un sentiment de peur au sein du groupe et va profiter en toute impunité de ses deux compères afin d’avancer.

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Là où le manga devient réellement original, c’est que Takehiko (à mi-chemin entre le clochard bobo et le crétin fini) va leur faire vivre des situations aussi improbables qu’honteuses. Cependant, le groupe (dont l’incompréhension sera totale – surtout au début) n’en évoluera que mieux. Finalement, Takehiko est-il un abruti fini ou un génie caché ? C’est précisément pour avoir la réponse à cette question que je lis personnellement le manga et que je meurs d’envie de mettre la main sur le 3ème tome. En effet, cette question me titille depuis les premières pages où Takehiko quitte le foyer familial avec pour quête de « tuer le monstre ». Cette phrase en dit beaucoup plus qu’il ne pourrait y paraître. Quel est ce monstre ? Lui-même ? La vie ? L’indépendance ? Le passé ?

Mais ce n’est pas la seule question que soulève le manga. À travers toutes ces rencontres va en réalité se poser une seule et même question que Takehiko va formuler : s’il doit devenir indépendant, comment va-t-il faire pour vivre en société ?

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L’absurde au service de la critique sociale

Comment fait-on pour vivre en société ? C’est en partant d’un personnage a priori dénué de toute logique sociale et sociétale que Minoru Furuya va pouvoir s’amuser à décortiquer tous les habitus qui dépeignent la vie tokyoïte et plus largement japonaise.

De la misère rencontrée dans les rues, au vol de petites culottes (pour les raisons les plus louables, attention) jusqu’au dépôt de crotte sur des voitures en bonne et due forme, le mangaka dessine une société dont le déclin apparemment total créera étrangement une forme de sympathie envers ses protagonistes. En effet, si on pourra reprocher à Takehiko une multitude de défauts, il s’intéresse aux gens, leur pose des questions et ose aller vers eux. Ainsi, il croisera – accompagné du groupe – des personnages tous plus fous les uns que les autres à l’apparence souvent pitoyable mais qui – une fois la discussion entamée – deviennent des conteurs hors-pairs.

Il me semble que Minoru Furuya veut nous faire passer un message : ne jugeons pas les gens trop vite, il faut connaître l’histoire de ceux-ci pour pouvoir les comprendre. La réflexion est d’ailleurs totalement transversale à l’œuvre puisque son protagoniste principal en est lui-même l’exemple. Comment Takehiko est-il devenu le loustic que nous connaissons ? C’est très simple, Take (ça sera plus court) et sa sœur ont été abandonnés au plus jeune âge et ont dû apprendre à devenir adultes alors qu’ils avaient moins de dix ans. Un cas psychologique des plus intéressants vous dis-je… Je ne peux évidemment pas trop vous en dire, je préfère que vous gardiez la surprise !

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Mon avis

Dans Saltiness (en français « salure », caractère de ce qui est salé), ce qui sera le plus salé, ce seront les dialogues totalement ubuesques des personnages loufoques qui guident ce manga de façon surprenante et pourtant brillante. Mais pas que ! Car ces mêmes dialogues mettent en exergue les analyses tout autant salées d’une société japonaise déconcertante à mi-chemin entre vice et tendresse. Il s’agit selon moi d’un petit bijou, un vrai chef-d’œuvre dont je me délecte à chacune des pages. Il rentre sans hésitation dans mon TOP 5.

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