Solo : A Star Wars Story, la review

REVIEW – Solo: A Star Wars Story

REVIEW – Solo: A Star Wars Story

REVIEW – Solo: A Star Wars Story

REVIEW – Solo: A Star Wars Story C'est bien ?

Han Solo. Deux mots, un nom, qui résonnent dans la tête de nombreux enfants, de nombreux adultes eux-même ayant été des enfants. Je fais partie de ceux, qui de la génération 80, sont nés tout simplement avec l’avènement de la pop-culture telle qu’elle décore nos vies quotidiennes de nos jours. Et Han Solo, pour moi, comme pour bien du monde ayant pu se laisser approcher par la saga du visionnaire George Lucas, ce sont des mots qui pèsent. Tant et si bien que quand la Walt Disney Company a annoncé vouloir se lancer sur la réalisation d’un long-métrage mettant en scène le personnage de Han Solo, ce sont tout autant l’inquiétude que la joie qui ont frémi d’un seul instant, entremêlés, tel le contraste incarné par Harrison Ford à l’écran et dans la réalité.

Solo: A Star Wars Story, vous l’aurez tous lu maintes et maintes fois – et je vais éviter de répéter les sempiternels textes dont on vous abreuve depuis des jours pour aller à l’essentiel – c’est avant-tout l’occasion pour Disney d’offrir aux fans une ouverture supplémentaire dans un univers gigantesque, mais tout en s’assurant de passer par une porte ultra-sécurisée, du moins de prime abord.

Car oui, faire un film sur Han Solo, quoi de plus logique après tout ? Un personnage charismatique, bardé, à l’initial et ce avant le rachat de Lucasfilm Ltd., d’une histoire complexe et intéressante, tumultueuse comme l’homme qui l’incarne à l’écran. « Cela devrait marcher, tout le monde aime Solo » a donc bien pu s’imaginer Kathleen Kennedy, actuelle directrice de Lucasfilm, même si pour le coup c’est une phrase qui provient de mon imagination.

Au final tout y est, l’essentiel c’est d’avoir un bon personnage, à minima, pour raconter une bonne histoire non ? Mais c’est là que Disney n’a pas vu voir la problématique pourtant pendante, qu’Han Solo, c’est avant tout Harrison Ford, et n’est pas Harrison Ford qui veut. Pas même la 3D. Première problématique donc, et nous allons le voir dans cette critique, ici Disney s’en est au final, plutôt bien sorti. Mais Han Solo, c’est aussi un fantasme.

Outre sa beauté sexuelle, Han Solo c’est un vaurien qui laisse transparaître un passé chargé, dépeint dans un univers étendu aujourd’hui relégué au niveau de « légende« , et c’est aussi, au travers des épisodes IV à VI de la saga, un personnage que l’on s’imagine et que l’on s’approprie. Et la voilà, la seconde et épineuse problématique. En effet, difficile pour un réalisateur, ou plusieurs comme ce fut le cas sur ce spin-off aux origines difficiles, de capter et de raconter une histoire qui pour beaucoup, aura lentement fait son chemin en plus de 30 années de livres, de comics ou de jeux vidéo.

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Han Solo, c’est aussi et surtout l’avantage d’un personnage tout sauf lisse, mais dont on ne saisit que les contours, afin de se laisser croire que c’est bon gars, un vaurien, un héros, un contrebandier, un menteur, un lâche, un courageux. Là où George Lucas fut assez malin pour ne pas sur-exploiter le personnage, Disney décide donc de faire le contraire en tentant d’apporter une explication à ce qui, au fond, n’avait vraiment pas besoin d’être expliqué.

Rentrons donc dans le vif du sujet. Le film est maintenant disponible pour tout-un-chacun, et il est bien certain que les avis risqueront de diverger sur ce dernier. Voilà pourquoi je vous avertis, les lignes qui suivent sont bien entendues blindées de SPOILERS, et ne reflètent que mon avis.

SOLO

Un héros sans vrai visage

Le film de Ron Howard – mais lui appartient-il vraiment ? – prend le pari risqué de ne raconter l’histoire du personnage qu’à partir de son âge adulte, ainsi rien ne retranscrit vraiment les origines de Han Solo. Nous ne saurons pas qui sont ses parents, s’il en a même eu un jour, nous ne saurons pas ce qui l’a amené à fréquenter la pègre de Corellia, sa planète natale. Nous ne verrons pas comment il a appris le language Wookie ni comment il a été formé au Sabacc. Et nous ne verrons pas non plus son passage à l’académie impériale, là où il aurait appris à piloter, à survivre et à ne pas suivre les ordres. Bien que cela soit rapidement mis en avant via deux-trois allusions, nous n’aurons aucune information sur sa réelle désertion, et pourquoi le voilà parti sur une voie bien solitaire. Un brin dommage.

Nous voilà donc avec un frais jeune adulte, éperdument amoureux d’une femme sans charisme, Q’ira, sa première vraie relation en somme. Et on découvre donc un Alden Ehrenreich qui endosse le poids de la responsabilité d’un tel personnage avec assurance, et à part quelques rares moments, l’acteur singe plutôt bien les mimiques de Harrison Ford, au point que sur la scène finale du film, on ne voit plus Alden ni Harrison. On voit Han à l’écran. En cela, on ne peut que saluer l’effort, d’autant que le trio Han Solo – Chewbacca – Lando Calrissian ressort plutôt bien, Danny Glover étant une parfaite version rajeunie de Billy Dee Williams en Lando. Rien à dire donc, si ce n’est une Q’ira (Emilia Clarke) en demi-teinte, où on aurait aimé voir plus de lignes fortes et d’apparitions marquantes. On a également un L3 (le droide de Lando) original et déglingué mais sous-exploité, et un Tobias Beckett (Woody Harrelson), mentor de Han, un poil en décalage avec l’univers Star Wars.

Le vœu des scénaristes, notamment Lawrence Kasdan, à qui l’on doit la réécriture de Star Wars Episode VII : Le Réveil de la Force ainsi que Star Wars Episode V : L’Empire Contre-Attaque, et son fils Jonathan, est ici de rappeler à quel point Han Solo se prête à l’univers du « western de l’espace« . On sent qu’ils apprécient le personnage de Solo, et le fait de le plonger au cœur d’une affaire de contrebandier au final sans réelle envergure mais où l’important réside dans les rencontres et les personnages que croisera Solo sur son chemin, le confirme. On part donc du postulat que le Han Solo présent dans ce film, est celui que nous découvrons dans la cantine sur Mos Eisley dans l’épisode IV. Un choix justifié notamment par la fin du film, qui nous dirige tout droit vers cette scène culte.

Mais en plus de vouloir dépeindre ce « cowboy », ils ont voulu aussi montrer certaines choses cachées de son passé qui à mon sens, n’aurait pas dû être expliquées : pourquoi Han Solo s’appelle-t-il Han Solo ? Comment Han réussit-il sa traversée du raid de Kessel en 12 parsecs ? Et comment rencontre-t-il Lando et Chewbacca ? Et au final, surtout, comment récupère-t-il le Faucon Millenium ?

Han Solo Movie Trailer My Geek Actu3

À vouloir donner un visage à ce personnage et le décrire en détail, on perd du côté « mythologique » et idéalisé, fantasmé. On se retrouve donc avec un Solo qui se voit vulgairement donner son nom par un officier impérial aux contrôles des frontières. On découvre que Kessel est une planète minière où tout le monde peut rentrer et sortir comme bon lui plaît en libérant masse d’esclaves au passage. On découvre que le « raid de Kessel » ne veut strictement rien dire, si ce n’est traverser un brouillard magnétique spatial couvert d’un monstre tentaculaire what-the-fuck et d’un trou noir qui aspire ce qu’il a envie d’aspirer. Et qu’au final, ce n’est pas vraiment Han qui l’aura traversé en 12 parsecs, mais bien Tobias Beckett qui aura sauvé les fesses de tout le monde à l’aide d’une potion magique qu’on mélange au diesel du Faucon.

On découvre que la rencontre entre Chewbacca et Han dans une prison en champ de guerre impérial sort un peu de nulle part : aucune précision sur la planète, sur la guerre qui s’y tient, et pourquoi Chewbacca se retrouve être le seul wookie attaché dans le coin, à un poteau qu’il aurait pu arracher depuis des lustres. On découvre que le Faucon a une intelligence artificielle (L3) qui justifie ses bruits originaux – le fallait-il ? Et comble du comble, on canonise officiellement dans la continuité cinématographique un élément marquant du semi-canon télévisé, avec l’apparition de Darth Maul en toute fin de film. Est-ce un mal ? Je vous en parle plus bas.

Un manque cruel d’émotion

Là où la saga Star Wars a toujours été efficace, en dehors de l’action et de ses propos légèrement mythologiques inversés, c’est dans sa manière de véhiculer des émotions et de l’attachement. On a tous réussi à s’attacher à Han Solo, à Luke Skywalker, à la Princesse Leia Organa, tout autant qu’à R2-D2, Padmé Amidala, Made Windu, Yoda… et éventuellement récemment à Rey, Finn ou Poe.

Le précédent spin-off, Rogue One, a fait couler pas mal d’encre également mais se tenait d’un seul tout, du début à sa fin, les personnages écrits étaient destinés à ne pas aller plus loin que les événements contés. Il était par ailleurs bien réalisé, cohérent avec le début de l’épisode IV, et les acteurs choisis étaient savamment dirigés, que l’on aime ou pas les films de guerre.

Solo, honnêtement, a du mal à trouver sa patte. Aucun environnement – la plupart des plans sont resserrés et on ne prend pas le temps de visiter ne serait-ce qu’un peu les environnements, à part lors de la course-poursuite un peu molle du genou du début du film – ni aucun personnage n’a suffisamment de temps à l’écran ou suffisamment de mise en scène pour nous laisser une marque. Corellia, la planète natale de Han ? Un taudis de plus dans l’univers Star Wars, là où auparavant dans l’univers étendu elle était une planète luxueuse façon Coruscant mais polluée par la pègre.

Les personnages de L3, de Rio le camarade de banditisme de Han, Tobias et même sa femme, tous meurent dans ce film sans y laisser ne serait-ce qu’une empreinte. Chaque incident dramatique est immédiatement balayé par un oubli total, volontaire ou involontaire, des personnages mais aussi du réalisateur. Nous n’avons ni le temps d’assimiler la mort, ni le temps de nous attacher à développer des émotions. En cela, le film semble frôler parfois le ridicule, d’autant que les environnements traversés sont tous d’un gris ou d’un désert désolant, à croire que chez Disney, on est en manque d’imagination. Ne comptez donc pas retrouver la magie d’un Star Wars dans ce Solo.
Et je n’ajouterai pas le manque de jugeote des personnages qui ne prennent que des décisions que quiconque trouverait grotesques. Reste la bonne surprise du faux-méchant du film, Enfys Nest, cachant les traits d’une enfant insufflant le vent montant de la rébellion face à l’Empire. Une idée bienvenue et fraîche.

Quant à la réalisation, si personnellement je n’apprécie pas particulièrement la filmographie de Ron Howard que je trouve tout juste moyenne, force est de reconnaître qu’il y a quelques plans sympathiques (le vaisseau du bad guy au-delà des nuages derrière les montagnes reste l’image dont je me souviens le mieux). Mais dans son ensemble, ont est dans la médiocrité, on se retrouve souvent face à des plans façon séries B, et ce ne sont pas les effets spéciaux d’ILM qui rattrapent le coup.

Au final, bien que le film soit long, tout passe beaucoup trop vite, sans grand impact, et on se retrouve las, à suivre sans conviction les événements du film. Et ce ne sont pas les éléments nous pointant du doigt toutes les secondes que oui, nous sommes dans un film Star Wars, qui rattrapent les choses.

Du fan-service, mais mal intégré

Car oui, le véritable problème de ce film, en-dehors de son personnage dont on pouvait espérer un passé un poil plus intéressant à suivre, c’est bel et bien le fan-service. Chaque ligne de texte, chaque écran, c’est un rappel à un élément de la saga ou à l’univers étendu. Alors oui, c’est une bonne chose en soi, et cela se tient heureusement la plupart du temps. Mais à force d’en mettre un peu partout, quand le film se termine, on se demande finalement ce qu’on en retire : un fan-film avec des moyens ou un véritable film Star Wars ?

Le Faucon Millenium en lui-même est une belle preuve de fan-service mal géré. On imagine bien que le Faucon était neuf à un moment donné, et sûrement retapé par quelqu’un. Passe encore, bien qu’il s’agit quand même à l’origine d’un cargo coréllien YT créé par la Corporation Technique Coréllienne, servant pour le fret et non comme dressing à capes. Mais ce qui gêne le plus, c’est que cela ne tient pas avec la cohérence future des autres épisodes : comment justifier l’intelligence artificielle sachant qu’elle ne sera plus évoquée – à aucun moment – dans les autres films ? Là où George Lucas maîtrisait de bout en bout son univers, il semblerait que Kathleen ne sache plus où donner de la tête et parte dans des directions mal assumées.

Je vous évoquais la fin du film, qui risque de créer la polémique sur bien des points : l’apparition en hologramme de Darth Maul, sur un siège façon « empereur ». Pour rappel, bien qu’il ait survécu grâce à son frère Opress, bien qu’il ait des jambes mécaniques, comment justifier que quelques années avant l’épisode IV, le voilà en mode empereur à disséminer des ordres à Q’ira sachant qu’on sait très bien qu’il sera abattu par Obi-Wan sur Tatooine peu de temps plus tard ? Comment justifier également auprès d’une communauté massive n’ayant, sûrement pas dans son ensemble, vu les épisodes de la série télévisée The Clone Wars, dans laquelle Maul est ressuscité ? Son apparition n’est donc pas consistante, là où on aurait davantage apprécié un Boba Fett, un Bossk, un IG-88. Et bien que l’acteur original derrière le maquillage, Ray Park, a repris les traits du fameux combattant, son apparition force le fan-service avec une gestuelle et une action hors de propos : faire appel à la Force pour appeler son sabre et l’allumer afin de faire une pirouette avant de disparaître, tout cela en hologramme. Sérieusement ?

Heureusement la meilleure partie du film sauve l’ensemble : la partie de Sabacc. L’ambiance retranscrit s’inspire fidèlement des comics et je vous laisserai les règles du jeu ici, on sait jamais, car malheureusement elles ne sont pas expliquées dans le film et définir un Pur Sabacc sans connaître les tenants et aboutissants du jeu prendrait plus qu’un seul article.

SOLO

Un film bien solo

On le sent, le film lance sur une série, on s’attend clairement à une suite. Aura-t-elle lieu dans un Solo 2 ? Ou dans le spin-off Obi-Wan ? D’autant qu’Alden a signé pour trois films, rien d’anodin à cela. Mais au final, et ce film en est le parfait exemple, Disney joue de la licence Star Wars comme il joue de la licence Marvel, mais cela ne fonctionne pas. Star Wars n’est pas Marvel. Star Wars, c’est apprendre la patience, développer la magie soi-même avec son imagination, prolonger les univers dans sa tête ou sur papier, s’inventer les histoires de tel ou tel personnage. Star Wars, c’est aussi et surtout plus de 40 ans de travail collectif d’une communauté extrêmement forte, liée, qui croit en ses histoires et tient plus que tout à la continuité. Alors quand Disney secoue le tout en imposant un imaginaire, forcément nous sommes déçus.

Ah, si seulement…

Là où Rogue One m’avait agréablement surpris, car en-dehors de ses propos la réalisation était formidable, ce Solo m’a désagréablement déçu. J’aimerais presque ne pas l’avoir vu pour me dire que non, le Han Solo de mon enfance, ce n’est pas ça. Mais maintenant c’est foutu, Disney m’a écrit à coup de marketing pompeux que Solo, c’est Alden, et Solo, c’est à la base un film mal fichu avec une histoire mal contée alors qu’elle aurait pu être tout autre si mieux maîtrisée dans sa réalisation. Je suis un grand fan de Star Wars, et officiellement, je peux affirmer qu’après avoir fait des efforts pour apprécier l’épisode VIII, qu’après avoir apprécié Rogue One et l’épisode VII, Disney aura finalement réussi à me décevoir.

Honnêtement, après le visionnage, mon impression se résumait à cela : c’était un bon film Netflix. Est-ce ce que l’on attend d’un film Star Wars ? Sûrement pas.

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